Rencontres ONF : Les forêts publiques d'Indre-et-Loire face au changement climatique

Après une première conférence grand public à Chinon en décembre, c'est aux habitants de Tours que le responsable ONF du département a expliqué les forêts publiques locales et leurs enjeux, le 11 avril dernier.


L'événement a rassemblé cinquante personnes et était proposé par le Relais amical Malakoff Humanis Centre, qui a souhaité inviter Sébastien Buferne, responsable ONF d'Indre-et-Loire pour présenter les missions de l'Office, la gestion durable des forêts publiques du département et les actions des forestiers face aux impacts du dérèglement climatique.

Photo du discours de Frédéric Chapuis
M. Chapuis ouvre la conférence - ©A.Mathy / ONF

En introduction Martine Joblin, vice-présidente du Relais, a d'abord expliqué l'action de la structure et ses valeurs de solidarité intergénérationnelle. Frédéric Chapuis, bénévole ayant organisé cette conférence, a ensuite lancé le sujet en rappelant l'importance de la forêt pour l'Homme, avant de céder la parole à l'ONF.

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Les missions de l'Office national des forêts

En Métropole et en outre-mer, l’ONF gère près de 11 millions d’hectares de forêts publiques appartenant à l’État et aux collectivités territoriales. Au quotidien, l'action des forestiers s'articule autour de trois objectifs indissociables : la production de bois, la préservation de l'environnement et l’accueil du public.

Pour mener cette gestion multifonctionnelle et durable les spécialistes de l'Office conçoivent des documents d'aménagement qui prennent en compte les enjeux locaux, avec des objectifs échelonnés sur 20 ans. Ces documents sont publics et les actions préconisées respectent le cadre légal imposé par le code forestier. Une gestion certifiée et reconnue par le label PEFC dans 100% des forêts domaniales.

L'ONF en Indre-et-Loire, c'est :

Le dérèglement climatique et ses effets

Les étés chauds et secs se succèdent et la température augmente. Les précipitations restent stables pour le moment mais moins réparties sur l’année, avec de longs étés arides et des hivers très arrosés.
Les arbres dépérissent avec les sécheresses successives et l'augmentation des parasites et ravageurs. Leur qualité et leur croissance diminue ainsi que leur capacité à stocker le carbone. Ce à quoi s'ajoute l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes (incendies, tempêtes, inondations).
La biodiversité est également touchée par les chaleurs, le manque d'eau et l'altération de l'écosystème.
Tout comme les promeneurs qui voient le paysage modifié par des arbres malades ou des coupes sanitaires, et pour qui le risque de chute de branches ou d'arbres morts augmente.

Pour le moment le dépérissement reste diffus en Indre-et-Loire et touche surtout les parcelles aux sols difficiles. Mais selon les analyses et projections du GIEC la principale essence d'arbre actuellement présente, le chêne sessile, sera menacée en 2070. D'autres essences, comme le pin sylvestre, le seront également.
Selon ces projections, dès 2050 le climat du département sera le même que dans le Golf du Lion ou le pourtour méditerranéen, un changement trop rapide pour que nos forêts puissent s'adapter seules.

Les sécheresses à répétition ont déjà un impact sur la santé des arbres et sur le risque incendie. Avec une hausse estimée de + 2 °C de la température moyenne annuelle, l’été que l’on a connu en 2022 pourrait devenir la norme d’ici 30 à 50 ans.

Sébastien Buferne, responsable Unité territoriale d'Indre-et-Loire

L'ONF agit aujourd'hui pour la forêt de demain

Qu’on le veuille ou non le paysage forestier va changer, parfois brutalement. Le réchauffement climatique va provoquer des changements de long terme avec dans un premier temps le dépérissement des peuplements les plus sensibles.
Pour assurer le couvert forestier de demain et éviter une perte trop importante du carbone stocké, les spécialistes de l'ONF anticipent les vulnérabilités et innovent, protègent contre le risque incendie et reconstituent les peuplements perdus. Ils accompagnent la régénération naturelle sur les sols favorables tout en enrichissant par d'autres variétés, et plantent des essences plus adaptées au climat futur sur les sols difficiles.

Comme le précise Sébastien Buferne, "Dans un contexte d'incertitudes, nous élargissons nos chances en diversifiant nos modes de gestion et nos peuplements pour les rendre plus résilients".

C'est le principe de la forêt mosaïque :

©ONF

Une stratégie qu'il décline en 7 axes, mis en œuvre dans les forêts publiques d'Indre-et-Loire dont son équipe a la gestion :

  • diversifier les espèces au sein des peuplements avec des résineux et des feuillus, dont des fruitiers, en intégrant des provenances et essences testées et jugées prometteuses ;
  • diversifier les modes de gestion tout en assurant un bon niveau de renouvellement des peuplements ;
  • maintenir l'équilibre sylvo-cynégétique pour que les grands ongulés ne mangent pas plus de jeunes pousses que ne le permet la forêt ;
  • veiller aux continuités écologiques et préserver la biodiversité ;
  • protéger la structure et la richesse des sols qui contiennent la réserve en eau et la moitié du stock de carbone forestier ;
  • anticiper et gérer les risques sanitaires et incendies ;
  • adapter la conduite des peuplements aux aléas climatiques rencontrés.
Exemple des différents modes de gestion appliqués en forêt domaniale de Chinon.

Le bois, un matériau du futur

Pour conclure comme l'a justement rappelé Monsieur Chapuis, bénévole du Relais amical ayant organisé cet événement, "Si nous observons que le climat redessine la forêt, la forêt a aussi son action sur le climat".

Avec près de 31,2 millions de tonnes de CO2 captées chaque année en France, la forêt et le bois participent activement à la lutte contre le réchauffement climatique. Le matériau bois représente 47% des énergies renouvelables, permet de stocker du carbone et, utilisé dans la construction, il améliore les propriétés thermiques des bâtiments tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

©ONF


La filière forêt-bois représente également 20 000 emplois dans la région.

Merci au Relais amical Centre pour l'organisation de cet événement et à ses adhérents pour leur accueil. Ainsi qu'à l'association Jeunesse et habitat pour sa salle de conférence.

Photos des participants qui écoutent le spécialiste ONF
Les questions ont été nombreuses et les échanges développés et intéressants - ©Alexandra Mathy / ONF

Les Relais amicaux Malakoff Humanis en quelques mots

Logo du relais amical

Le Relais amical Centre, nouvellement installé 12 boulevard de Chinon à Joué‑lès‑Tours, s'engage dans plusieurs actions sociales :

  • aide à l'emploi : préparation des CV et entretiens, accompagnement pour la création d'entreprises, lutte contre l'illettrisme ;
  • lien social aux personnes âgées : visite en EHPAD et à domicile, contacts téléphoniques ;
  • accompagnement au bien vieillir : activités sportives et intellectuelles pour ses adhérents.

La direction de l'action sociale de Malakoff Humanis pilote 41 relais en France. Ses actions sont soutenues et parrainées par la direction de l'action sociale retraite de Malakoff Humanis dans le respect des orientations Agirc-Arrco.